S.V.P., parlez-moi de vos expériences (sinon je vous attends à côté du rack à bicycles)
L’intimidation, le taxage, le bullying, le harcèlement… ça peut prendre plusieurs formes; un jeune qui en frappe un plus jeune pour lui prendre son argent du lunch, une fille de 13 ans qui envoie des courriels haineux à sa collègue de classe impopulaire… Dans tous les cas, ça peut avoir des effets dévastateurs sur la victime (et aussi sur l’agresseur).
Je sais que l’intimidation est un gros problème au Japon qui est parfois accentué par une culture de qui prône la discrétion. Je sais aussi que plusieurs suicides sont dus à l’intimidation ici. Ce que je ne sais pas c’est « comment » ça se passe, quelle forme ça prend. Je n’ai pas vu d’intimidation directement au Japon (et j’espère que je n’en verrai pas), mais je sais que d’autres JETs en ont été témoins.
Il semble que la chose la plus frustrante est que les JETs (et même les enseignants réguliers) ne peuvent rien faire. Les agresseurs semblent s’en tirer sans subir de conséquences. Un enseignant me disait qu’un « bully » ne peut pas se faire suspendre ou expulser de l’école, car il a droit à l’éducation de l’école (je crois en fait que l’école manque une excellente occasion d’éduquer ce jeune). À la place, c’est la victime qui essaie d’éviter l’école. Il/elle veut rester à la maison, mais se met dans le trouble par le fait même. Donc si j’ai bien compris, l’agresseur n’a aucune conséquence, mais la victime se fait pousser dans la cage aux lions sans aucun soutien moral.
Il paraitrait aussi que les parents des victimes vont parfois essayer de cacher le fait que leur enfant se fait intimider, car c’est honteux. Alors, ils n’essaieront surtout pas de discuter du problème avec l’administration de l’école afin de trouver des solutions.
D’un autre côté, j’ai aussi entendu dire que certains parents impliqueraient la direction d’école pour régler une « dispute » entre deux « amis » au lieu de régler le problème directement avec l’autre jeune et ses parents. Ce qui rend le problème plus gros qu’il ne doit l’être.
Quel scénario est le plus plausible? Est-ce que ça dépend de l’école? De la région? Je ne sais pas… il faut que j’en discute avec d’autres JETs et d’autres enseignants.
Au Canada, puisque j’ai surtout enseigné dans des petites écoles, je n’ai pas vraiment été témoin d’intimidation physique. Je crois que les jeunes sont plus portés à réagir et à condamner le bullying. Le « témoin silencieux » est de moins en moins silencieux, ce qui est très bien. Un témoin silencieux, en fait, encourage l’agresseur par son inaction. Je crois que c’est surtout ce qui arrive au Japon; la victime est isolée et ne reçoit pas de support. À l’opposé, un témoin actif qui condamne l’agression isole l’agresseur et décourage ses actions.
Le problème que j’ai rencontré au Canada était plutôt des jeunes filles ayant une guerre nucléaire psychologique. Souvent, il s’agissait de 2,3 filles ou plus contre une qui avait été identifiée comme faible ou « pas cool ». Au début, elle essaie de se défendre, mais lorsque les grosses bombes sont larguées (courriels haineux anonymes, rumeurs atroces, convaincre d’autres personnes qu’il faut la détester…) elle finit par avoir besoin de beaucoup de support provenant d’adultes. Heureusement, je n’ai pas vu ça trop souvent, mais c’est arrivé.
Au Canada, chaque école a un travailleur social ou un autre professionnel qui aide les élèves dans ce genre de situation. À ce que je sache, il n’y a pas de personne équivalente dans les écoles japonaises.
Il y a beaucoup de détails que je ne connais pas à propos du système japonais. J’essaie d’en parler avec des collègues et d’autres personnes ici. Si vous en savez plus, ou si vous voulez partager votre expérience au Canada (ou n’importe où) s.v.p., laissez un commentaire ou écrivez-moi (jddinjapan@gmail.com).