vendredi 15 octobre 2010

Orientation à Tokyo: Combien ça coûte?

(The English version is HERE)

Tout étranger qui visite Tokyo a besoin d’une carte ou de quelque chose pour faciliter son orientation. C’est immense ! Allez sur Google Map et regardez la taille de cette ville. Imaginez-vous marcher là-dedans en train d’essayer de trouver une rue quelconque (en passant, pour rendre les choses encore plus difficiles pour les touristes, ce sont les « blocs » et non pas les rues qui ont des noms au Japon). Ça semble trop gros pour être fonctionnel mais, tout de même, ça marche.

On pourrait dire la même chose du « JET Programme » : avec environ 36 pays participants et plus de 4000 « JETs » au Japon, c’est une immense organisation. Paraitrait-il qu’il s’agit du plus gros programme d’échange culturel au monde.
Si je voulais faire une « carte » de sa structure, je devrais inclure 3 ministères (le Ministère des Affaires Internes et des Communications (MIC), le Ministère des Affaires Étrangères (MOFA) et le Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT)), le Conseil des Autorités Local pour les Relations Internationales (CLAIR) ainsi que les organisations contractuelles (les commissions scolaires et les écoles qui nous embauchent). Je devrais aussi inclure toutes les ambassades japonaises qui participent à la sélection et à la préparation des nouveaux candidats.
Je n’irai pas dans les détails du rôle de chacune des ces organisations mais je crois que voyez ce que je veux dire : c’est gros !

On pouvait s’en rendre compte pendant les 3 jours d’orientations dans un hôtel de luxe au centre-ville de Tokyo (je n’ai pas encore trouvé une partie de Tokyo qui n’avait pas l’air d’un centre-ville).  Avec les réceptions officielles, les repas, les séminaires… tout le monde s’est demandé à un certain moment : Combien ça coûte tout ça ?
Si on ajoute les billets d’avion fournis, les transports, nos salaires et, comme on allait le découvrir plus tard ; les choses fournies par nos employeurs : pour certaines personnes ça peut inclure une auto, une maison ( !), des meubles, etc. Tout ça implique beaucoup d’argent.

Vue de la chambre d'hôtel
 Le « JET Programme » est financé par le gouvernement, donc par le public. Si je ne me trompe pas, l’économie japonaise, comme plusieurs autres, ne va pas super bien (je suis d'ailleurs tombé sur un article du New-York Times traitant de ça). Plusieurs personnes cherchent des façons de couper dans les dépenses et ce programme est une de leur cible.
Il y a environ un mois, j’ai lu un article très intéressant de Debito Arudou au sujet de la situation du « JET Programme » et pourquoi il ne répond pas aux attentes. (Désolé, c’est anglais.)
Si je résume l’article, il dit que le programme coûte beaucoup d’argent et que les élèves n’apprennent toujours pas l’anglais. Mais ce n’est pas la faute des « JETs », c’est la faute du système d’éducation japonais.
Ok… donc si on ne peut pas enseigner l’anglais aux élèves, qu’est-ce qu’on fait exactement ? Pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi dépensent-ils encore tant d’argent sur ce programme ?

Le but officiel du « JET Programme » (comme ils le mentionnent dans plusieurs documents officiels) est de : « Promouvoir l’internationalisation et la compréhension mutuelle par l’enseignement de langues étrangères et par des activités d’échanges internationaux au niveau local. »

Avant même de quitter le Canada, on m’a dit qu’une façon de percevoir ce travail était en tant « qu’ambassadeur culturel ». Donc, est-ce qu’il s’agit d’un prétexte pour justifier toutes les dépenses ou bien ça veut vraiment dire quelque chose et a des applications réelles ? –(En passant, si vous posez une question à un japonais avec deux choix ; ça OU ça ? Il répondra probablement par oui ou non ! Je vous en reparlerai dans un autre « post »)-
Je crois que le terme « ambassadeur culturel » veut dire quelque chose et que notre présence ici n’est pas futile.
Quand j’enseignais les sciences au Canada, j’ai réalisé qu’au moins 95% de ce que j’enseignais allait être oublié par la plupart des élèves l’année suivante. (Est-ce que vous vous rappelez de beaucoup de choses de vos cours de sciences du secondaire ?). Alors pourquoi essayer de faire entrer ces notions et ces équations dans la tête des élèves ?
Le but n’est pas d’en faire des chercheurs professionnels pendant qu’ils sont au secondaire. Le but est qu’ils sachent que ces choses existent et qu’ils deviennent curieux du monde qui les entoure.  Nous voulons allumer des passions et rendre les élèves intéressés (ce qui veut dire que la façon dont nous enseignons est très importante). Si ils ont cette curiosité, ils poursuivront leur apprentissage par eux-mêmes et feront des choix de carrières en conséquence. De toutes façons, la plupart des cours d’introductions de sciences au Cégep et à l’université enseignent tout depuis le début pour s’assurer que tout le monde est au même niveau.

Alors le but est de rendre les élèves japonais intéressés et curieux face aux cultures étrangères.  L’anglais est un outil. S’ils ont la motivation et qu’ils veulent faire un voyage à l’étranger après leur secondaire, ils trouveront un moyen de pouvoir fonctionner en anglais. Ceci dit, je crois que nous pouvons tout de même être plus que des « promoteurs d’agences de voyages » lorsque nous enseignons.
On s’en reparle bientôt…

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