lundi 4 avril 2011

Le retour au travail

(La version anglaise est ICI)

J’avais écrit la première version de ce post (en anglais) en début janvier et je faisais référence au retour au travail après le congé des fêtes. Toutefois, je crois que la même chose peut s’appliquer à ceux qui sont présentement de retour du congé du printemps (spring break). Alors, voici;

C’est fou comment une petite vacance peut ébranler une routine. Je crois que c’est vrai autant pour les enseignants que pour les élèves. Spécifiquement, les élèves au Canada n’ont généralement pas de travaux à faire durant les vacances (2 semaines à noël, une ou deux pour le printemps, deux mois durant l’été!). Ils sont souvent fatigués au retour des vacances parce qu’ils ont généralement fait le party et veillé tard puisqu’ils n’avaient pas à se lever pour aller à l’école le lendemain. Lors du retour en classe, ça prend habituellement au moins une semaine pour que les choses reprennent du momentum (de la vélocité!) et que les élèves travaillent comme ils le faisaient avant les vacances. Après les vacances d’été par contre, il faut s’attendre à avoir besoin de presque un mois pour que les choses roulent et que les élèves soient adaptés à leur nouvelle classe.

Au Japon, je l’impression que c’est très différent. Je sais qu’ils ont pratiquement toujours du travail à faire et plusieurs élèves viennent à l’école pendant les journées de congé. Puisque je n’enseigne pas les mêmes élèves sur une base quotidienne, je ne peux pas vraiment me prononcer sur le temps qu’une classe prend à se remettre en marche après un congé, mais je serais prêt à parier que ça ne doit pas être très long. Du moins, que ça leur prend moins de temps qu’une classe de petits Canadiens.

On pourrait avoir un autre débat à savoir si les élèves japonais travaillent trop fort ou non, mais selon mon expérience, je crois que ça dépend vraiment de l’école qu’ils fréquentent et de leur niveau d’implication.

Pour l`instant, je n`ai pas vraiment de solutions pour le blues du retour de vacances... vous avez des idees?

jeudi 31 mars 2011

La procrastination

(the english version is here

(de pro — « devant » + crastinus « appartenir à demain »)

Il semble que la procrastination est vraiment un phénomène universel. Je suis convaincu qu’une bonne partie de la population de n’importe quel pays en souffre. J’essaie de rationaliser ce comportement humain étrange et je me rends compte que j’en suis incapable.
À quel moment au fil de l’évolution est-ce que la procrastination était un avantage? Comment est-ce devenu une tendance si forte pour autant de gens?

Je peux comprendre pourquoi on procrastine ; pour éviter de faire des tâches douloureuses ou difficiles, parce qu’on en a par-dessus la tête et on ne sait pas par où commencer, parce qu’on veut relaxer maintenant…
Mais tout ça ne nous a surement pas aidés à attraper des mammouths.

Ceci m’amène à me demander si notre société de « plaisirs immédiats » a empiré la situation. On n’est plus vraiment à risque de mourir de faim en hiver si on ne s’affaire pas à stocker de la nourriture pendant l’automne. Il semble que peu importe ce que quelqu’un fait (ou ne fait pas), il pourra s’en tirer sans trop de problèmes plus tard.
La peur de souffrir des conséquences de notre inaction devrait normalement être un facteur de motivation, mais il semble que très peu de choses amènent des conséquences qui seront lourdes à porter. Par exemple :
Après qu’un élève ait été en retenue deux ou trois fois, il ne semble pas plus motivé à faire ses devoirs la fois suivante; « J’aime mieux relaxer maintenant…, le pire qui peut arriver c’est que je me tape une autre retenue. J’ai survécu aux autres et c’était pas si pire. » Et il retourne devant la télé…
Évidemment, un élève aura des conséquences à plus long terme s’il ne fait pas ses devoirs, mais peu d’adolescents semblent s’en inquiéter.

Certaines personnes essaient de se donner elles-mêmes des punitions ou des récompenses afin de se motiver. Même si c’est un outil de motivation de bas niveau (punition/récompense), ça fonctionne très bien avec les enfants et, il semble, avec plusieurs adultes aussi. Là où ça se complique, c’est que lorsqu’il est temps de s’auto-punir, il faut être très discipliné… ou masochiste (est-ce que ce sont deux choses si différentes l’une de l’autre dans le fond?).

OK… la discipline! Les parents (certains parents du moins) essaient d’enseigner la discipline à leurs enfants, les enseignants essaient d’enseigner la discipline à leurs élèves et la plupart des adultes essaient de se botter le derrière pour être plus disciplinés. C’est pas facile. Mais il semble que d’avoir une bonne discipline est la clé pour accomplir de grandes choses (ou peut-être que c’est d’être obsessif compulsif).
Être discipliné c’est d’être capable d’écouter la bonne petite voix dans notre tête qui nous rappelle les mauvaises conséquences possibles et d’ignorer celle qui nous encourage à nous amuser ou relaxer tout le temps. Encore une fois; c’est pas facile. Je crois qu’il y a deux choses qui peuvent nous aider à avoir une meilleure discipline personnelle; notre éducation et avoir une motivation intrinsèque.
Comment est-ce que l’on devient motivé intrinsèquement? Premièrement, en étant concerné; ce qui n’est pas évident pour la plupart des adolescents en regard à l’école. Deuxièmement, en ayant une passion pour quelque chose. Je crois que la passion est une des meilleures armes contre la procrastination, mais nous n’avons malheureusement pas une passion pour toutes les choses importantes que l’on devrait faire. Et finalement, en gardant les bonnes et les mauvaises conséquences de nos actions en tête et en être concernées (donc on tourne un peu en rond ici).

J’aimerais vraiment qu’il y ait une solution miracle pour combattre la procrastination. Lorsque nos élèves sont insensibles au message de *Marcel Leboeuf, on sait qu’il n’y a pas de solution facile.
Bref, je présume que le mieux que l’on peut faire est de trouver un équilibre entre les 2 extrêmes; d’un côté travailler trop fort et se donner des problèmes de santé et de l’autre perdre son temps et regarder sa vie s’enfuir sans rien faire.
Il semble que culturellement, les Japonais ont tendance à balancer vers le premier extrême (ce qui ouvre la porte pour une autre discussion…), mais les adolescents, qu’ils soient Japonais ou pas, ont souvent leur santé mentale très à cœur (ahemm…).
Toutefois, je dois admettre que j’ai actuellement des élèves qui sont en général très motivés… je devrais peut-être aller leur demander comment ils font…

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Y’ a-t-il des groupes de procrastinateurs anonymes? Je devrais peut-être faire une recherche là-dessus… demain peut-être…



jeudi 2 décembre 2010

Intimidation

S.V.P., parlez-moi de vos expériences (sinon je vous attends à côté du rack à bicycles)
(The English version is HERE)

L’intimidation, le taxage, le bullying, le harcèlement… ça peut prendre plusieurs formes; un jeune qui en frappe un plus jeune pour lui prendre son argent du lunch, une fille de 13 ans qui envoie des courriels haineux à sa collègue de classe impopulaire… Dans tous les cas, ça peut avoir des effets dévastateurs sur la victime (et aussi sur l’agresseur).

Je sais que l’intimidation est un gros problème au Japon qui est parfois accentué par une culture de qui prône la discrétion. Je sais aussi que plusieurs suicides sont dus à l’intimidation ici. Ce que je ne sais pas c’est « comment » ça se passe, quelle forme ça prend. Je n’ai pas vu d’intimidation directement au Japon (et j’espère que je n’en verrai pas), mais je sais que d’autres JETs en ont été témoins.

Il semble que la chose la plus frustrante est que les JETs (et même les enseignants réguliers) ne peuvent rien faire. Les agresseurs semblent s’en tirer sans subir de conséquences. Un enseignant me disait qu’un « bully » ne peut pas se faire suspendre ou expulser de l’école, car il a droit à l’éducation de l’école (je crois en fait que l’école manque une excellente occasion d’éduquer ce jeune). À la place, c’est la victime qui essaie d’éviter l’école. Il/elle veut rester à la maison, mais se met dans le trouble par le fait même. Donc si j’ai bien compris, l’agresseur n’a aucune conséquence, mais la victime se fait pousser dans la cage aux lions sans aucun soutien moral.

Il paraitrait aussi que les parents des victimes vont parfois essayer de cacher le fait que leur enfant se fait intimider, car c’est honteux. Alors, ils n’essaieront surtout pas de discuter du problème avec l’administration de l’école afin de trouver des solutions.
D’un autre côté, j’ai aussi entendu dire que certains parents impliqueraient la direction d’école pour régler une « dispute » entre deux « amis » au lieu de régler le problème directement avec l’autre jeune et ses parents. Ce qui rend le problème plus gros qu’il ne doit l’être.
Quel scénario est le plus plausible? Est-ce que ça dépend de l’école? De la région? Je ne sais pas… il faut que j’en discute avec d’autres JETs et d’autres enseignants.

Au Canada, puisque j’ai surtout enseigné dans des petites écoles, je n’ai pas vraiment été témoin d’intimidation physique. Je crois que les jeunes sont plus portés à réagir et à condamner le bullying. Le « témoin silencieux » est de moins en moins silencieux, ce qui est très bien. Un témoin silencieux, en fait, encourage l’agresseur par son inaction. Je crois que c’est surtout ce qui arrive au Japon; la victime est isolée et ne reçoit pas de support. À l’opposé, un témoin actif qui condamne l’agression isole l’agresseur et décourage ses actions.

Le problème que j’ai rencontré au Canada était plutôt des jeunes filles ayant une guerre nucléaire psychologique. Souvent, il s’agissait de 2,3 filles ou plus contre une qui avait été identifiée comme faible ou « pas cool ». Au début, elle essaie de se défendre, mais lorsque les grosses bombes sont larguées (courriels haineux anonymes, rumeurs atroces, convaincre d’autres personnes qu’il faut la détester…) elle finit par avoir besoin de beaucoup de support provenant d’adultes. Heureusement, je n’ai pas vu ça trop souvent, mais c’est arrivé.

Au Canada, chaque école a un travailleur social ou un autre professionnel qui aide les élèves dans ce genre de situation. À ce que je sache, il n’y a pas de personne équivalente dans les écoles japonaises.

Il y a beaucoup de détails que je ne connais pas à propos du système japonais. J’essaie d’en parler avec des collègues et d’autres personnes ici. Si vous en savez plus, ou si vous voulez partager votre expérience au Canada (ou n’importe où) s.v.p., laissez un commentaire ou écrivez-moi (jddinjapan@gmail.com). 

Fermeture d’école et l’équation « Fight Club »

(as usual, you can find the English version here)

Premiere neige
En regardant par la fenêtre le mois dernier, j’ai eu une vision magnifique : de la neige! Bon, il n’y en avait pas partout au sol, mais seulement dans les nombreuses montagnes qui entourent Urasa, mais quand même; c’était de la neige en octobre. Même à Québec ça n’arrive pas si souvent.

Bien sûr, avec la neige est venu le froid. Pendant cette semaine, le mercure est tombé assez bas pour me surprendre (j’imagine que j’ai été habitué à un climat très tempéré à Victoria). Mais je ne suis toutefois pas inquiet pour cet hiver; mes racines québécoises devraient me permettre de passer au travers de pas mal n’importe quel hiver.
Voir cette neige en octobre m’a rappelé d’une fois, quand j’étais au secondaire, où ils avaient décidé de fermer l’école un 31 octobre à cause d’une tempête de neige. Ça n’arrivait vraiment pas souvent donc c’était très excitant. Tous les élèves aiment une bonne tempête!

Parfois, je me demandais pourquoi ils ne fermaient pas l’école plus souvent. En fait, les enseignants aiment ça aussi! À l’occasion, ça peut être un peu tannant lorsqu’un test important approche et qu’on n’a pas terminé de préparer les élèves ou bien si on a travaillé fort sur un plan de cours et que cette journée était la seule pour l’enseigner… Mais la plupart du temps, aucun enseignant ne se plaint d’une journée de congé supplémentaire.
Je suppose que les directeurs doivent aussi aimer les tempêtes de neige. Une journée pour prendre un « break » de tous les problèmes auxquels ils font face tous les jours est surement bien appréciée une ou deux fois par année. 
Alors pourquoi n’avait-on pas plus de congés chaque hiver?

Peut-être que la météo elle-même est une des raisons. De grosses tempêtes de neige qui rendent les transports vraiment dangereux n’arrivent pas si souvent. Mais quand même, plusieurs tempêtes auraient pu facilement justifier une fermeture d’école. En fait, lors de ces journées, il manquait souvent la moitié des élèves dans chaque classe parce que leurs parents avaient décidé de ne pas envoyer leurs enfants à l’école. Évidemment, ma mère ne faisait pas partie de ces parents-là; si l’école était ouverte, j’y allais. C’est tout.

La capacité de la ville à composer avec une tempête de neige est un facteur très important dans la prise de décision. À Québec, la plupart des routes principales peuvent être gardées en plutôt bonnes conditions même quand le temps est très mauvais. À Victoria par contre… ah! En réalité, je crois que j’ai vu de la neige seulement 3 fois durant les 4 ans où j’y habitais. C’était quand même drôle de voir la ville entière être prisonnière après 3 cm de neige.
Ultimement, il paraitrait que ce sont les compagnies de transport scolaire qui ont le dernier mot à savoir s’ils offrent du service une certaine journée. S’ils décident de ne pas travailler, les écoles auraient beaucoup de difficultés à convaincre les élèves de venir à l’école par leurs propres moyens.
Alors, comment décident-ils s’ils offrent du service ou pas? J’imagine le président de la compagnie à son bureau avec un actuaire qui calcule les probabilités qu’un autobus fasse un accident et combien ça leur coûterait en poursuites judiciaires comparées à combien d’argent ils perdent en ne travaillant pas pour une journée… un peu comme dans Fight Club quand Edward Norton explique son travail. (J’espère que tout le monde a déjà vu Fight Club au moins une fois!)
Fight Club
Mais est-ce que les compagnies d’autobus perdent vraiment de l’argent s’ils n’opèrent pas une journée? Si non, on devrait vraiment avoir plus de congés!

Si je me permets d’être un peu plus sérieux pour une seconde, je comprends qu’il serait un peu irresponsable de fermer les écoles à chaque fois qu’il neige. Surtout que ceux qui sont le plus affectés sont probablement les parents. Si leurs enfants ne peuvent pas aller à l’école, qu’est-ce qu’ils sont censés faire avec eux? Ces parents doivent travailler et beaucoup d’enfants ne sont pas assez vieux pour rester seul à la maison toute la journée.

Cela dit, c’est peut être une bonne excuse pour ces parents de prendre aussi une journée de congé et de passer du temps de qualité avec leurs enfants… je crois que plusieurs familles en ont besoins.

*Apres avoir lu mon blog en anglais, un enseignant de mon ecole a Urasa est venu me mentionner que l`ecole n`avait jamais ferme en raison de tempete. Meme s`il y a des problemes avec les trains et autres transports, les eleves trouvent quand meme un moyen de se rendre a l`ecole.
** Desole pour le manque d`accents dans ces commentaires... je suis presentement sur un ordinateur de l`ecole avec un clavier japonais...

jeudi 21 octobre 2010

100% - Le score parfait - A+

(The English version of this post is HERE)


*Cette semaine, je ne parlerai pas de mon travail avec le JET Programme spécifiquement. Toutefois, le problème de la “note parfaite” que je soulève aujourd’hui n’était pas préoccupant lorsque j’enseignais les sciences. Maintenant que j’enseigne l’anglais, je dois conjuguer avec une sournoise demoiselle qui s’appelle « subjectivité ». *

Est-ce qu’une note parfaite devrait être donnée souvent, à l’occasion ou jamais? Bien sur, s’il s’agit d’un test de math ou de science avec des choix de réponses et que l’élève réussit toutes les questions, il obtiendra, évidemment, une note parfaite. Mais je parle des cours où la subjectivité fait partie de l’évaluation; est-ce correcte d’attribuer une note parfaite pour un travail qui excède nos attentes?

Je crois qu’il faut débuter par se demander pourquoi on évalue. Est-ce pour donner une rétroaction à l’élève de façon à l’aider  à apprendre plus et devenir meilleur avec le temps? Est-ce pour mesurer sa performance et la comparer avec celle des autres élèves de sa classe, de son école, de sa province (son état, sa préfecture), son pays… sa planète? Est-ce pour laisser savoir aux parents comment leur enfant se débrouille à l’école? Est-ce pour donner aux universités (ou aux CÉGEP) une mesure de la valeur de l’élève et de ses habiletés à performer dans un programme postsecondaire? Est-ce pour donner à tous une impression que quelque chose à été appris et de pouvoir dire : -« Voyez!? On n’a pas seulement perdu notre temps durant le dernier mois. J’ai ici une mesure de l’apprentissage réalisé que j’ai traduite en un chiffre (ou une lettre) ».
Tout dépendamment d’où vous travaillez et de votre perception personnelle de l’éducation, la vérité peut être une, quelques unes ou toutes ces réponses.

Soyons un peu utopique et supposons que le but des évaluations est d’aider l’élève à progresser en lui indiquant ses points forts et ses points faibles et en l’encourageant à persévérer. Je crois qu’une note parfaite peut être interprétée différemment par différents élèves :
 Certains peuvent croire qu’ils ont atteint la perfection.
              -« Ha! Ha! Pfft… la perfection! »
Après tout, c’est un score « parfait » alors ils ne travailleront peut être pas aussi fort la prochaine fois, pensant qu’ils savent maintenant tout ce qu’ils auront besoin de savoir. (Toutefois, je serais vraiment surpris que plusieurs élèves pensent de cette façon, surtout des élèves qui ont des scores parfaits…)
D’autres élèves verront peut être un score parfait comme une récompense bien méritée pour avoir travaillé fort (ça peut être très dangereux si un élève obtient un score parfait SANS avoir travaillé fort). Ça peut leur donner une impression que le monde est juste et qu’avec le temps, leurs efforts seront reconnus et récompensés (imaginez une chorale d’anges qui chantent en ce moment).

N’oublions pas notre bon ami; l’effet Pygmalion. En percevant l’élève comme étant performant, il (ou elle, comme c’est souvent le cas pour les sujets qui sont plus subjectif (en passant, l’école est structurée d’une façon qui facilite le succès des filles et la plupart des garçons ne sont pas avantagé dans cet environnement… j’élaborerai peut être plus dans un autre article))… désolé pour la grosse parenthèse. Alors je disais… euh, allez voir l’effet Pygmalion sur Wikipedia ( :P ).

Je crois que de donner une note parfaite peut être une bonne chose. Si l’élève la mérite vraiment, bien sur. Si les notes parfaites sont données au gré du vent, ça devient une farce et le cours perd de la crédibilité.
- « Donc, vous demandez, si un élève réalise  un travail exceptionnel qui est supérieur à tous les autres travaux produits dans sa classe, il devrait obtenir une note parfaite mais si il fait le même travail dans une classe où 6 autres élèves font un travail aussi superbe, alors aucun d’entre eux ne devrait obtenir une note parfaite? »
Euh… je crois que je répondrais; - « ça dépend ».
Ça dépend de la dynamique de la classe, du cours lui-même, de l’âge et de la maturité des élèves, de la qualité réelle du travail…
Alors revoilà madame « subjectivité » : elle n’est jamais vraiment claire, il faut interpréter ses signaux. Même si techniquement il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, si on ne choisie pas la bonne elle nous en voudra pendant longtemps.

Je crois qu’une bonne façon de mettre « subjectivité » de côté est de bien définir les objectifs d’apprentissage. C’est encore mieux si les élèves comprennent bien ce qui est attendu d’eux. De cette façon, en devenant un peu plus « analytique » dans notre approche, nous devrions pouvoir donner à chaque élève l’appréciation qui lui revient. Après tout, le monde est supposé pouvoir être expliqué par d’élégantes équations éventuellement, non? (Pour en savoir plus sur la physique theorique...)

Sans un syllabus bien détaillé, un cours peut devenir comme un cours « d’appréciation du vin » où le seul objective est «  d’apprendre (!) à apprécier le vin ».
-« Voilà. Comment tu trouves ce vin? »
-« Oh! Je l’apprécie beaucoup! »
-« Bon travail. Tu mérites A+. »

Qu’est-ce que vous pensez des scores parfaits? Est-ce que vous en donnez souvent?


Une petite tranche de vie pour terminer : Je me rappelle que mon prof d’art en secondaire 1 avait dit qu’elle ne donnerait jamais une note parfaite car une œuvre d’art ne peut jamais être « parfaite ». C’est trop subjectif.
Ma sœur a eu la même enseignante lorsqu’elle a commencé son secondaire 6 ans plus tard et je suis presque certain qu’elle a obtenue 100% à quelques reprises. J’imagine que « subjectivité » et « opinion » sont presque synonymes et qu’il n’est pas surprenant que les gens finissent pas changer leur  perception des choses.
Toutefois, il faut dire que ma sœur est vraiment une artiste phénoménale. Vous pouvez voir quelques unes de ses réalisations ICI

vendredi 15 octobre 2010

Orientation à Tokyo: Combien ça coûte?

(The English version is HERE)

Tout étranger qui visite Tokyo a besoin d’une carte ou de quelque chose pour faciliter son orientation. C’est immense ! Allez sur Google Map et regardez la taille de cette ville. Imaginez-vous marcher là-dedans en train d’essayer de trouver une rue quelconque (en passant, pour rendre les choses encore plus difficiles pour les touristes, ce sont les « blocs » et non pas les rues qui ont des noms au Japon). Ça semble trop gros pour être fonctionnel mais, tout de même, ça marche.

On pourrait dire la même chose du « JET Programme » : avec environ 36 pays participants et plus de 4000 « JETs » au Japon, c’est une immense organisation. Paraitrait-il qu’il s’agit du plus gros programme d’échange culturel au monde.
Si je voulais faire une « carte » de sa structure, je devrais inclure 3 ministères (le Ministère des Affaires Internes et des Communications (MIC), le Ministère des Affaires Étrangères (MOFA) et le Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT)), le Conseil des Autorités Local pour les Relations Internationales (CLAIR) ainsi que les organisations contractuelles (les commissions scolaires et les écoles qui nous embauchent). Je devrais aussi inclure toutes les ambassades japonaises qui participent à la sélection et à la préparation des nouveaux candidats.
Je n’irai pas dans les détails du rôle de chacune des ces organisations mais je crois que voyez ce que je veux dire : c’est gros !

On pouvait s’en rendre compte pendant les 3 jours d’orientations dans un hôtel de luxe au centre-ville de Tokyo (je n’ai pas encore trouvé une partie de Tokyo qui n’avait pas l’air d’un centre-ville).  Avec les réceptions officielles, les repas, les séminaires… tout le monde s’est demandé à un certain moment : Combien ça coûte tout ça ?
Si on ajoute les billets d’avion fournis, les transports, nos salaires et, comme on allait le découvrir plus tard ; les choses fournies par nos employeurs : pour certaines personnes ça peut inclure une auto, une maison ( !), des meubles, etc. Tout ça implique beaucoup d’argent.

Vue de la chambre d'hôtel
 Le « JET Programme » est financé par le gouvernement, donc par le public. Si je ne me trompe pas, l’économie japonaise, comme plusieurs autres, ne va pas super bien (je suis d'ailleurs tombé sur un article du New-York Times traitant de ça). Plusieurs personnes cherchent des façons de couper dans les dépenses et ce programme est une de leur cible.
Il y a environ un mois, j’ai lu un article très intéressant de Debito Arudou au sujet de la situation du « JET Programme » et pourquoi il ne répond pas aux attentes. (Désolé, c’est anglais.)
Si je résume l’article, il dit que le programme coûte beaucoup d’argent et que les élèves n’apprennent toujours pas l’anglais. Mais ce n’est pas la faute des « JETs », c’est la faute du système d’éducation japonais.
Ok… donc si on ne peut pas enseigner l’anglais aux élèves, qu’est-ce qu’on fait exactement ? Pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi dépensent-ils encore tant d’argent sur ce programme ?

Le but officiel du « JET Programme » (comme ils le mentionnent dans plusieurs documents officiels) est de : « Promouvoir l’internationalisation et la compréhension mutuelle par l’enseignement de langues étrangères et par des activités d’échanges internationaux au niveau local. »

Avant même de quitter le Canada, on m’a dit qu’une façon de percevoir ce travail était en tant « qu’ambassadeur culturel ». Donc, est-ce qu’il s’agit d’un prétexte pour justifier toutes les dépenses ou bien ça veut vraiment dire quelque chose et a des applications réelles ? –(En passant, si vous posez une question à un japonais avec deux choix ; ça OU ça ? Il répondra probablement par oui ou non ! Je vous en reparlerai dans un autre « post »)-
Je crois que le terme « ambassadeur culturel » veut dire quelque chose et que notre présence ici n’est pas futile.
Quand j’enseignais les sciences au Canada, j’ai réalisé qu’au moins 95% de ce que j’enseignais allait être oublié par la plupart des élèves l’année suivante. (Est-ce que vous vous rappelez de beaucoup de choses de vos cours de sciences du secondaire ?). Alors pourquoi essayer de faire entrer ces notions et ces équations dans la tête des élèves ?
Le but n’est pas d’en faire des chercheurs professionnels pendant qu’ils sont au secondaire. Le but est qu’ils sachent que ces choses existent et qu’ils deviennent curieux du monde qui les entoure.  Nous voulons allumer des passions et rendre les élèves intéressés (ce qui veut dire que la façon dont nous enseignons est très importante). Si ils ont cette curiosité, ils poursuivront leur apprentissage par eux-mêmes et feront des choix de carrières en conséquence. De toutes façons, la plupart des cours d’introductions de sciences au Cégep et à l’université enseignent tout depuis le début pour s’assurer que tout le monde est au même niveau.

Alors le but est de rendre les élèves japonais intéressés et curieux face aux cultures étrangères.  L’anglais est un outil. S’ils ont la motivation et qu’ils veulent faire un voyage à l’étranger après leur secondaire, ils trouveront un moyen de pouvoir fonctionner en anglais. Ceci dit, je crois que nous pouvons tout de même être plus que des « promoteurs d’agences de voyages » lorsque nous enseignons.
On s’en reparle bientôt…

jeudi 14 octobre 2010

Raison d'être

(The English version of this blog post can be found here)


Une occasion en or d'en apprendre plus sur la pédagogie, l'internationalisation, le language, l'identité culturelle, les différents systèmes d'éducations, les curriculums et sur moi-même (!) s'est présentée à moi lorsque j'ai été accepté dans le "JET Programme". Ce programme m'a amené au Japon où j'y enseigne l'anglais à des élèves du secondaire.

J'ai commencé ce blog dans le but de partager mes observations avec tous ceux qui sont intéressés par les sujets que j'ai mentionnés précédemment et, je l'espère, avoir vos commentaires et vos points de vues sur tout ce qui touche l'éducation et la culture.

Ce blog existe aussi en version anglaise (étant donné que je travail principalement en anglais). Il y aura toujours un lien vers cette version au début de mes textes.

Alors voilà, le premier texte arrivera bientôt. Nous sommes en octobre et j'ai déjà vécu beaucoup de choses depuis le début de l'aventure "JET" à Tokyo en août...