jeudi 2 décembre 2010

Intimidation

S.V.P., parlez-moi de vos expériences (sinon je vous attends à côté du rack à bicycles)
(The English version is HERE)

L’intimidation, le taxage, le bullying, le harcèlement… ça peut prendre plusieurs formes; un jeune qui en frappe un plus jeune pour lui prendre son argent du lunch, une fille de 13 ans qui envoie des courriels haineux à sa collègue de classe impopulaire… Dans tous les cas, ça peut avoir des effets dévastateurs sur la victime (et aussi sur l’agresseur).

Je sais que l’intimidation est un gros problème au Japon qui est parfois accentué par une culture de qui prône la discrétion. Je sais aussi que plusieurs suicides sont dus à l’intimidation ici. Ce que je ne sais pas c’est « comment » ça se passe, quelle forme ça prend. Je n’ai pas vu d’intimidation directement au Japon (et j’espère que je n’en verrai pas), mais je sais que d’autres JETs en ont été témoins.

Il semble que la chose la plus frustrante est que les JETs (et même les enseignants réguliers) ne peuvent rien faire. Les agresseurs semblent s’en tirer sans subir de conséquences. Un enseignant me disait qu’un « bully » ne peut pas se faire suspendre ou expulser de l’école, car il a droit à l’éducation de l’école (je crois en fait que l’école manque une excellente occasion d’éduquer ce jeune). À la place, c’est la victime qui essaie d’éviter l’école. Il/elle veut rester à la maison, mais se met dans le trouble par le fait même. Donc si j’ai bien compris, l’agresseur n’a aucune conséquence, mais la victime se fait pousser dans la cage aux lions sans aucun soutien moral.

Il paraitrait aussi que les parents des victimes vont parfois essayer de cacher le fait que leur enfant se fait intimider, car c’est honteux. Alors, ils n’essaieront surtout pas de discuter du problème avec l’administration de l’école afin de trouver des solutions.
D’un autre côté, j’ai aussi entendu dire que certains parents impliqueraient la direction d’école pour régler une « dispute » entre deux « amis » au lieu de régler le problème directement avec l’autre jeune et ses parents. Ce qui rend le problème plus gros qu’il ne doit l’être.
Quel scénario est le plus plausible? Est-ce que ça dépend de l’école? De la région? Je ne sais pas… il faut que j’en discute avec d’autres JETs et d’autres enseignants.

Au Canada, puisque j’ai surtout enseigné dans des petites écoles, je n’ai pas vraiment été témoin d’intimidation physique. Je crois que les jeunes sont plus portés à réagir et à condamner le bullying. Le « témoin silencieux » est de moins en moins silencieux, ce qui est très bien. Un témoin silencieux, en fait, encourage l’agresseur par son inaction. Je crois que c’est surtout ce qui arrive au Japon; la victime est isolée et ne reçoit pas de support. À l’opposé, un témoin actif qui condamne l’agression isole l’agresseur et décourage ses actions.

Le problème que j’ai rencontré au Canada était plutôt des jeunes filles ayant une guerre nucléaire psychologique. Souvent, il s’agissait de 2,3 filles ou plus contre une qui avait été identifiée comme faible ou « pas cool ». Au début, elle essaie de se défendre, mais lorsque les grosses bombes sont larguées (courriels haineux anonymes, rumeurs atroces, convaincre d’autres personnes qu’il faut la détester…) elle finit par avoir besoin de beaucoup de support provenant d’adultes. Heureusement, je n’ai pas vu ça trop souvent, mais c’est arrivé.

Au Canada, chaque école a un travailleur social ou un autre professionnel qui aide les élèves dans ce genre de situation. À ce que je sache, il n’y a pas de personne équivalente dans les écoles japonaises.

Il y a beaucoup de détails que je ne connais pas à propos du système japonais. J’essaie d’en parler avec des collègues et d’autres personnes ici. Si vous en savez plus, ou si vous voulez partager votre expérience au Canada (ou n’importe où) s.v.p., laissez un commentaire ou écrivez-moi (jddinjapan@gmail.com). 

Fermeture d’école et l’équation « Fight Club »

(as usual, you can find the English version here)

Premiere neige
En regardant par la fenêtre le mois dernier, j’ai eu une vision magnifique : de la neige! Bon, il n’y en avait pas partout au sol, mais seulement dans les nombreuses montagnes qui entourent Urasa, mais quand même; c’était de la neige en octobre. Même à Québec ça n’arrive pas si souvent.

Bien sûr, avec la neige est venu le froid. Pendant cette semaine, le mercure est tombé assez bas pour me surprendre (j’imagine que j’ai été habitué à un climat très tempéré à Victoria). Mais je ne suis toutefois pas inquiet pour cet hiver; mes racines québécoises devraient me permettre de passer au travers de pas mal n’importe quel hiver.
Voir cette neige en octobre m’a rappelé d’une fois, quand j’étais au secondaire, où ils avaient décidé de fermer l’école un 31 octobre à cause d’une tempête de neige. Ça n’arrivait vraiment pas souvent donc c’était très excitant. Tous les élèves aiment une bonne tempête!

Parfois, je me demandais pourquoi ils ne fermaient pas l’école plus souvent. En fait, les enseignants aiment ça aussi! À l’occasion, ça peut être un peu tannant lorsqu’un test important approche et qu’on n’a pas terminé de préparer les élèves ou bien si on a travaillé fort sur un plan de cours et que cette journée était la seule pour l’enseigner… Mais la plupart du temps, aucun enseignant ne se plaint d’une journée de congé supplémentaire.
Je suppose que les directeurs doivent aussi aimer les tempêtes de neige. Une journée pour prendre un « break » de tous les problèmes auxquels ils font face tous les jours est surement bien appréciée une ou deux fois par année. 
Alors pourquoi n’avait-on pas plus de congés chaque hiver?

Peut-être que la météo elle-même est une des raisons. De grosses tempêtes de neige qui rendent les transports vraiment dangereux n’arrivent pas si souvent. Mais quand même, plusieurs tempêtes auraient pu facilement justifier une fermeture d’école. En fait, lors de ces journées, il manquait souvent la moitié des élèves dans chaque classe parce que leurs parents avaient décidé de ne pas envoyer leurs enfants à l’école. Évidemment, ma mère ne faisait pas partie de ces parents-là; si l’école était ouverte, j’y allais. C’est tout.

La capacité de la ville à composer avec une tempête de neige est un facteur très important dans la prise de décision. À Québec, la plupart des routes principales peuvent être gardées en plutôt bonnes conditions même quand le temps est très mauvais. À Victoria par contre… ah! En réalité, je crois que j’ai vu de la neige seulement 3 fois durant les 4 ans où j’y habitais. C’était quand même drôle de voir la ville entière être prisonnière après 3 cm de neige.
Ultimement, il paraitrait que ce sont les compagnies de transport scolaire qui ont le dernier mot à savoir s’ils offrent du service une certaine journée. S’ils décident de ne pas travailler, les écoles auraient beaucoup de difficultés à convaincre les élèves de venir à l’école par leurs propres moyens.
Alors, comment décident-ils s’ils offrent du service ou pas? J’imagine le président de la compagnie à son bureau avec un actuaire qui calcule les probabilités qu’un autobus fasse un accident et combien ça leur coûterait en poursuites judiciaires comparées à combien d’argent ils perdent en ne travaillant pas pour une journée… un peu comme dans Fight Club quand Edward Norton explique son travail. (J’espère que tout le monde a déjà vu Fight Club au moins une fois!)
Fight Club
Mais est-ce que les compagnies d’autobus perdent vraiment de l’argent s’ils n’opèrent pas une journée? Si non, on devrait vraiment avoir plus de congés!

Si je me permets d’être un peu plus sérieux pour une seconde, je comprends qu’il serait un peu irresponsable de fermer les écoles à chaque fois qu’il neige. Surtout que ceux qui sont le plus affectés sont probablement les parents. Si leurs enfants ne peuvent pas aller à l’école, qu’est-ce qu’ils sont censés faire avec eux? Ces parents doivent travailler et beaucoup d’enfants ne sont pas assez vieux pour rester seul à la maison toute la journée.

Cela dit, c’est peut être une bonne excuse pour ces parents de prendre aussi une journée de congé et de passer du temps de qualité avec leurs enfants… je crois que plusieurs familles en ont besoins.

*Apres avoir lu mon blog en anglais, un enseignant de mon ecole a Urasa est venu me mentionner que l`ecole n`avait jamais ferme en raison de tempete. Meme s`il y a des problemes avec les trains et autres transports, les eleves trouvent quand meme un moyen de se rendre a l`ecole.
** Desole pour le manque d`accents dans ces commentaires... je suis presentement sur un ordinateur de l`ecole avec un clavier japonais...