lundi 4 avril 2011

Le retour au travail

(La version anglaise est ICI)

J’avais écrit la première version de ce post (en anglais) en début janvier et je faisais référence au retour au travail après le congé des fêtes. Toutefois, je crois que la même chose peut s’appliquer à ceux qui sont présentement de retour du congé du printemps (spring break). Alors, voici;

C’est fou comment une petite vacance peut ébranler une routine. Je crois que c’est vrai autant pour les enseignants que pour les élèves. Spécifiquement, les élèves au Canada n’ont généralement pas de travaux à faire durant les vacances (2 semaines à noël, une ou deux pour le printemps, deux mois durant l’été!). Ils sont souvent fatigués au retour des vacances parce qu’ils ont généralement fait le party et veillé tard puisqu’ils n’avaient pas à se lever pour aller à l’école le lendemain. Lors du retour en classe, ça prend habituellement au moins une semaine pour que les choses reprennent du momentum (de la vélocité!) et que les élèves travaillent comme ils le faisaient avant les vacances. Après les vacances d’été par contre, il faut s’attendre à avoir besoin de presque un mois pour que les choses roulent et que les élèves soient adaptés à leur nouvelle classe.

Au Japon, je l’impression que c’est très différent. Je sais qu’ils ont pratiquement toujours du travail à faire et plusieurs élèves viennent à l’école pendant les journées de congé. Puisque je n’enseigne pas les mêmes élèves sur une base quotidienne, je ne peux pas vraiment me prononcer sur le temps qu’une classe prend à se remettre en marche après un congé, mais je serais prêt à parier que ça ne doit pas être très long. Du moins, que ça leur prend moins de temps qu’une classe de petits Canadiens.

On pourrait avoir un autre débat à savoir si les élèves japonais travaillent trop fort ou non, mais selon mon expérience, je crois que ça dépend vraiment de l’école qu’ils fréquentent et de leur niveau d’implication.

Pour l`instant, je n`ai pas vraiment de solutions pour le blues du retour de vacances... vous avez des idees?

jeudi 31 mars 2011

La procrastination

(the english version is here

(de pro — « devant » + crastinus « appartenir à demain »)

Il semble que la procrastination est vraiment un phénomène universel. Je suis convaincu qu’une bonne partie de la population de n’importe quel pays en souffre. J’essaie de rationaliser ce comportement humain étrange et je me rends compte que j’en suis incapable.
À quel moment au fil de l’évolution est-ce que la procrastination était un avantage? Comment est-ce devenu une tendance si forte pour autant de gens?

Je peux comprendre pourquoi on procrastine ; pour éviter de faire des tâches douloureuses ou difficiles, parce qu’on en a par-dessus la tête et on ne sait pas par où commencer, parce qu’on veut relaxer maintenant…
Mais tout ça ne nous a surement pas aidés à attraper des mammouths.

Ceci m’amène à me demander si notre société de « plaisirs immédiats » a empiré la situation. On n’est plus vraiment à risque de mourir de faim en hiver si on ne s’affaire pas à stocker de la nourriture pendant l’automne. Il semble que peu importe ce que quelqu’un fait (ou ne fait pas), il pourra s’en tirer sans trop de problèmes plus tard.
La peur de souffrir des conséquences de notre inaction devrait normalement être un facteur de motivation, mais il semble que très peu de choses amènent des conséquences qui seront lourdes à porter. Par exemple :
Après qu’un élève ait été en retenue deux ou trois fois, il ne semble pas plus motivé à faire ses devoirs la fois suivante; « J’aime mieux relaxer maintenant…, le pire qui peut arriver c’est que je me tape une autre retenue. J’ai survécu aux autres et c’était pas si pire. » Et il retourne devant la télé…
Évidemment, un élève aura des conséquences à plus long terme s’il ne fait pas ses devoirs, mais peu d’adolescents semblent s’en inquiéter.

Certaines personnes essaient de se donner elles-mêmes des punitions ou des récompenses afin de se motiver. Même si c’est un outil de motivation de bas niveau (punition/récompense), ça fonctionne très bien avec les enfants et, il semble, avec plusieurs adultes aussi. Là où ça se complique, c’est que lorsqu’il est temps de s’auto-punir, il faut être très discipliné… ou masochiste (est-ce que ce sont deux choses si différentes l’une de l’autre dans le fond?).

OK… la discipline! Les parents (certains parents du moins) essaient d’enseigner la discipline à leurs enfants, les enseignants essaient d’enseigner la discipline à leurs élèves et la plupart des adultes essaient de se botter le derrière pour être plus disciplinés. C’est pas facile. Mais il semble que d’avoir une bonne discipline est la clé pour accomplir de grandes choses (ou peut-être que c’est d’être obsessif compulsif).
Être discipliné c’est d’être capable d’écouter la bonne petite voix dans notre tête qui nous rappelle les mauvaises conséquences possibles et d’ignorer celle qui nous encourage à nous amuser ou relaxer tout le temps. Encore une fois; c’est pas facile. Je crois qu’il y a deux choses qui peuvent nous aider à avoir une meilleure discipline personnelle; notre éducation et avoir une motivation intrinsèque.
Comment est-ce que l’on devient motivé intrinsèquement? Premièrement, en étant concerné; ce qui n’est pas évident pour la plupart des adolescents en regard à l’école. Deuxièmement, en ayant une passion pour quelque chose. Je crois que la passion est une des meilleures armes contre la procrastination, mais nous n’avons malheureusement pas une passion pour toutes les choses importantes que l’on devrait faire. Et finalement, en gardant les bonnes et les mauvaises conséquences de nos actions en tête et en être concernées (donc on tourne un peu en rond ici).

J’aimerais vraiment qu’il y ait une solution miracle pour combattre la procrastination. Lorsque nos élèves sont insensibles au message de *Marcel Leboeuf, on sait qu’il n’y a pas de solution facile.
Bref, je présume que le mieux que l’on peut faire est de trouver un équilibre entre les 2 extrêmes; d’un côté travailler trop fort et se donner des problèmes de santé et de l’autre perdre son temps et regarder sa vie s’enfuir sans rien faire.
Il semble que culturellement, les Japonais ont tendance à balancer vers le premier extrême (ce qui ouvre la porte pour une autre discussion…), mais les adolescents, qu’ils soient Japonais ou pas, ont souvent leur santé mentale très à cœur (ahemm…).
Toutefois, je dois admettre que j’ai actuellement des élèves qui sont en général très motivés… je devrais peut-être aller leur demander comment ils font…

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Y’ a-t-il des groupes de procrastinateurs anonymes? Je devrais peut-être faire une recherche là-dessus… demain peut-être…